Caisse alimentaire commune : une sécurité sociale pour l’alimentation en pleine expérimentation
Une carte vitale pour l’alimentation, cette pensée vous paraît surprenante ? Pourtant, elle est depuis deux ans déjà en cours d’expérimentation dans le Sud de la France, à Montpellier. En effet, la caisse alimentaire commune, une initiative écologique et économique, chamboule les idéaux et semble intéresser plusieurs grandes villes. Découvrez cette sécurité sociale alimentaire en détail !
La caisse alimentaire commune : qu’est-ce que c’est ?
Expérimentée depuis deux ans dans la ville de Montpellier, la caisse alimentaire commune s’inspire de la sécurité sociale pour permettre aux foyers en situation précaire de mieux s’alimenter. Défendue par vingt-cinq associations, et une cinquantaine de citoyens et de chercheurs à l’origine du système et composant le comité local, elle s’adresse à toutes les personnes qui peinent à s’alimenter sainement.
Comment cette sécurité sociale de l’alimentation fonctionne ?
Le principe est simple, chaque bénéficiaire cotise en fonction de ses moyens et reçoit une allocation. Cette dernière prend la forme d’une carte qui fonctionne à l’aide d’une monnaie virtuelle surnommée la « MonA ». À titre d’exemple, une personne âgée qui perçoit une retraite de 800 euros contribue à hauteur de 5 euros chaque mois pour obtenir une aide de 100 euros. Environ 350 personnes participent à cette expérimentation.
Cette carte alimentaire particulière s’utilise dans des lieux précis, tels que les marchés paysans ou encore les magasins bio. Le dispositif est financé en partie par la mairie de Montpellier au travers de subventions publiques.
Qui peut en bénéficier ?
Cette initiative s’adresse aux plus précaires, notamment les retraités et les étudiants. Les bénéficiaires obtiennent une aide bénéfique au financement de leur alimentation. Toutefois, les agriculteurs sont aussi avantagés par cette sécurité sociale de l’alimentation. Ils choisissent leurs prix et peuvent vendre des produits boudés à tort par les grandes surfaces.
Quels sont les avantages de cette initiative ?
Les atouts de cette caisse alimentaire commune sont nombreux :
- La sécurité sociale alimentaire favorise le circuit court et simplifie l’accès aux aliments bio ;
- Elle permet aux commerçants et à la trentaine de producteurs adhérents d’obtenir de nouveaux clients et donc, une meilleure rémunération ;
- Cette nouvelle clientèle profite d’une meilleure alimentation ;
- Le dispositif permet de réduire le gaspillage alimentaire et prône une consommation plus écologique ;
- C’est une excellente manière de réduire les problèmes de santé.
À l’échelle de l’État, cette initiative permet de réaliser une économie sur le budget santé. Le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou encore l’obésité coûtent des milliards d’euros chaque année. Autrement dit, il s’agit de prévenir plutôt que de guérir.
En quoi est-ce un système intéressant en période d’inflation ?
En plus d’être un dispositif économique et écologique, la caisse alimentaire commune permet de faire face à l’inflation. Selon Familles Rurales, manger 5 fruits et légumes par jour représente en moyenne 240 euros par mois pour une famille avec deux enfants. À l’échelle d’un SMIC, c’est environ 18 %. Un budget conséquent qui pourrait être allégé par ce système.
Quel avenir pour cette allocation unique en son genre ?
L’expérimentation suit son cours ; au mois d’avril, un nouveau tirage au sort aura lieu et 300 nouveaux foyers seront ainsi sélectionnés pour y participer.
Lyon, Toulouse, Bordeaux et Nantes font partie des villes qui s’intéressent à cette initiative. La caisse alimentaire commune risque donc de se développer au sein de l’Hexagone dans les prochains mois.
Enfin, une proposition de loi sur la Sécurité sociale alimentaire, à l’initiative du groupe écologique et social, est actuellement discutée à l’Assemblée nationale. L’objectif est d’obtenir 15 millions d’euros afin de pouvoir mener des expérimentations dans une vingtaine de territoires… un sujet donc qui pourrait prochainement s’inviter de nouveau à notre table.