Créer un jardin en harmonie avec la nature : bases, avantages et limites de la permaculture
La permaculture, théorisée dans les années 1970 et connaissant depuis un certain succès, apparaît comme une technique durable de culture des jardins respectueux des écosystèmes naturels, à plus forte raison dans un monde soumis aux contraintes environnementales du changement climatique. Conçue pour fonctionner en osmose avec la nature, cette approche invite également à repenser notre façon de produire sans épuiser les ressources. Pour autant, elle n’est pas aussi aisément réplicable qu’on l’entend parfois. Qu’est-ce que la permaculture ? Quels sont ses avantages et ses limites ? Voici quelques pistes pour mieux comprendre cette pratique en essor…
La permaculture, qu’est-ce que c’est ?
Le terme permaculture vient de la contraction de permanent agriculture, ou « agriculture permanente ». Ce que ce terme recouvre excède une simple technique de jardinage et de culture, pour constituer dans le même mouvement une sorte de philosophie, inspirée du fonctionnement des écosystèmes naturels, de leur observation minutieuse afin d’en répliquer et adapter les principes dans la culture humaine des sols. L’idée centrale est d’optimiser les ressources (eau, sol, biodiversité) tout en minimisant l’impact humain et en préservant la nature.
Concrètement, un jardin en permaculture repose quelques principes fondamentaux, comme la préservation des écosystèmes (enrichir les sols, préserver la biodiversité, sauvegarder l’eau…), celle des humains (produire des ressources saines et accessibles, prendre de soin de soi, des autres, et des générations futures) et le partage équitable (répartir les excédents, réduire le gaspillage, prendre en considération les limites naturelles).
La permaculture est donc un écosystème à taille humaine, pensé pour s’autoréguler et se renouveler, tout comme une forêt, par exemple, le fait naturellement.
Des avantages de la permaculture
Contrairement à certaines méthodes agricoles classiques qui ont tendance à appauvrir les sols, la permaculture favorise un sol vivant, riche et fertile, grâce à des techniques comme le compostage, le paillage ou l’association de plantes complémentaires. Résultat ? Moins besoin d’engrais chimiques et de pesticides, dont l’usage est sujet à caution, dans le principe même de la permaculture – même si l’absence totale de nouveaux « intrants » naturels ou chimiques est parfois jugée illusoire, au sein même des adeptes de la permaculture.
Par ailleurs, par sa propension à imiter les écosystèmes naturels, la permaculture permet de limiter l’entretien du jardin. Une fois le sol bien nourri et les plantes harmonieusement associées, les interventions humaines sont réduites. Fini le bêchage intensif et l’arrosage excessif, le jardin s’autorégule dans une certaine mesure. Ce qui ne signifie pas, bien sûr, la quasi-absence de travail humain ; simplement que la permaculture vise à une certaine économie dans le déploiement de celui-ci.
De plus, cultiver ses propres légumes et fruits selon les principes de la permaculture permet de produire localement, sans dépendre des circuits classiques. La création d’un jardin en permaculture participe ainsi d’une meilleure autonomie alimentaire. Enfin, un jardin en permaculture favorise la cohabitation avec la faune et la flore. Abeilles, coccinelles, hérissons… autant d’alliés naturels qui participent à l’équilibre du jardin ou potager, qui devient ou demeure, par-là même, un refuge pour la biodiversité.
Les limites de la permaculture : une méthode non adaptée à toutes les mains vertes
Bien que séduisante, la permaculture n’est pas une solution miracle, ainsi qu’on peut parfois le lire, et pose plutôt quelques défis, parfois de taille. Elle n’est pas adaptée à tous les individus, à tous les milieux, à tous les objectifs. Par exemple, sa mise en place est exigeante, et avant même d’espérer profiter des bienfaits de la permaculture, il faut du temps et de l’observation pour comprendre son terrain et adapter les cultures. La permaculture, si elle peut laisser prise à de l’improvisation au cœur même de sa pratique, ne s’improvise pas à la racine, mais s’étudie. Ainsi, la permaculture repose sur un savoir-faire à acquérir et à renouveler. De nombreuses formations et ressources existent, bien sûr, pour guider les débutants ; mais ceux-ci doivent disposer de motivation et d’envie car, par sa nature même, la permaculture est une affaire de temps long. contrairement à certains procédés de l’agriculture intensive, les bénéfices d’un jardin en permaculture se mesurent et s’appréhendent sur le long terme. Enfin, sa viabilité, économique notamment, si tant est qu’elle constitue un objectif, peut être remise en question, ou en tout cas, jugé difficile à atteindre. Sa pratique sera très différente en fonction de la région, du climat, des sols, rendant ainsi difficile l’élaboration de « recettes toutes faites ». Ainsi, les incitations présentant la permaculture comme une méthode simple à mettre en œuvre et produisant facilement des résultats, doivent-elles être envisagées avec précautions.