Égalité économique femmes-hommes : malgré des améliorations, l’écart persiste
Nous sommes la veille de la Journée internationale des droits des femmes et, il y a quelques jours, le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations publiait son rapport annuel Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Ce rapport dresse un bilan de ladite marche vers l’égalité dans divers secteurs (violences, santé, économie et emploi, représentativité, etc.), montrant que malgré des améliorations, celle-ci n’est pas, tant s’en faut, parvenue à sa destination. Aujourd’hui, observons ce qu’il en est en matière d’économie et d’emploi…
Un écart persistant en matière d’emploi
En matière d’emploi, l’écart demeure persistant. Par exemple, le taux d’emploi (à savoir, le nombre de personnes sans emploi rapporté à la population totale) s’établit à 66 % pour les femmes contre 71 % pour les hommes, un écart assez conséquent. De plus, les femmes sont les principales à subir les emplois précaires, notamment les temps partiels, puisqu’en 2023, 23,4 % des femmes salariées sans enfants sont à temps partiel, part qui grimpe à 35,5 % pour les mères de 3 enfants ou plus, contre 7,1 % des hommes. La parentalité pénalise particulièrement les mères : au sein de près de 6 couples avec enfants sur 10, la mère est plus éloignée de l’emploi que le père. Plus alarmant encore, le taux de pauvreté est particulièrement élevé chez les familles monoparentales dont l’adulte de référence est dans l’écrasante majorité des cas une femme : il dépasse 30 %.
Des rémunérations inégales, en particulier aux deux extrémités de la pyramide
Les rémunérations constituent un autre frein à l’égalité femmes-hommes depuis longtemps. En 2022, les femmes du secteur privé perçoivent un salaire en moyenne 23,5 % inférieur à celui des hommes, contre 10,5 % dans le secteur public). Un écart qui se réduit à 4 % pour ce qui touche aux postes comparables mais qui, plus qu’une inégalité démentielle sur un poste identique, traduise une précarité plus importante chez les femmes dans toutes les couches de la société aggravées par plusieurs facteurs comme la monoparentalité ou la relégation aux emplois précaires et temps partiels. Aux deux extrémités de la pyramide des rétributions, les inégalités comptent au rang des plus flagrantes : ainsi, 63 % des travailleurs à bas revenus sont des femmes, quand seuls 22,8 % du 1 % des salariés les mieux rémunérés sont des femmes.
Des progrès à accomplir en matière de progressions de carrière
Les résultats de l’index de l’égalité professionnelle (outil visant à mesurer l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes au sein de l’entreprise, supposément obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés) progressent peu : +4 points en 4 ans pour un score de 88/100 (uniquement pour les entreprises ayant déclaré ledit index, ce qui laisse augurer une parité bien plus complexe à mettre en œuvre dans les plus petites structures). Les instances décisionnaires demeurent l’apanage des hommes : ainsi, 57 % des entreprises de plus de 1 000 salariés comptent moins de 30 % des femmes parmi les cadres dirigeants.
On le voit, en matière d’égalité économique, la situation s’améliore lentement au fur et à mesure du passage des années. Cependant les inégalités demeurent assez profondes ; ils révèlent un partage inégal des rôles sociaux et des freins structurels à la l’épanouissement de la carrière et l’indépendance économique des femmes. Les inégalités dues à la parentalité, la surreprésentation dans les populations précaires, les écarts salariaux globaux et l’accès aux plus hautes responsabilités constituent autant de défis restant à relever alors que nous entrons dans le deuxième quart de siècle du XXIe millénaire…