La surcharge informationnelle : quel est ce phénomène et comment se prémunir de ses dangers ?
Dans le tumulte incessant caractérisant l’ère numérique du XXIe siècle, où chaque seconde apporte son flot d’informations par le biais de canaux démultipliés, un phénomène se répand et s’amplifie : la surcharge informationnelle, aussi appelée « infobésité » ou saturation cognitive. Si l’on n’y prend pas garde, ce raz-de-marée d’informations peut submerger nos esprits, noyer notre discernement et notre sérénité sous des vagues d’informations en continu et non filtrées. Mais qu’est-ce donc que cette fatigue informationnelle qui nous guette, et comment s’en prémunir ?
La symphonie cacophonique de l’information
Représentez-vous un orchestre où chaque instrument jouerait sa propre partition sans chef pour les guider. C’est ainsi que notre esprit perçoit le déluge d’informations quotidiennes : notifications incessantes, actualités en continu, réseaux sociaux omniprésents… Les informations, sans tamis efficace, sont perçues selon le même degré d’importance et leur hiérarchisation devient complexe. Cette cacophonie constante mène à la surcharge informationnelle, un état où la quantité d’informations dépasse notre capacité à les traiter efficacement. Ce phénomène est très ancré dans notre société moderne ; d’après une étude menée par la fondation Jean-Jaurès, un Français sur deux déclare se sentir stressé ou épuisé par un trop-plein d’information – toutes les couches de la société étant concernées, y compris les plus jeunes, dont un préjugé pourrait laisser penser qu’ils seraient mieux à même de dompter ces flots… Et si vivre dans une société où l’information circule est évidemment considéré comme un bienfait, l’excès devient un danger car, une information chassant l’autre en permanence, il devient plus difficile de prendre le temps de réfléchir à ces informations, et de les traiter efficacement.
Les rouages de la surcharge informationnelle
Plusieurs facteurs alimentent cette machine infernale. L’hyperconnectivité, en premier lieu. Nos smartphones diffusent en permanence nouvelles, notifications et sollicitations, et nous sommes tentés de le consulter en permanence, sans même nous accorder des instants où ne rien faire. La multiplication des sources (médias, blogs, podcasts, chaînes YouTube, newsletters, groupes de discussion…) fait que jamais l’accès à l’information n’a été aussi diversifié, rendant complexe la hiérarchisation des sources et de l’information. La culture de l’instantanéité propre à notre monde moderne n’arrange pas la situation ; dans une société qui privilégie l’immédiateté, la pression de rester informé en temps réel crée une tension constante, dont il est difficile de se départir. Mais de l’autre côté du spectre, un autre danger menace : celui, face à l’incapacité de traiter les informations et la sensation de ne plus rien comprendre au monde qui nous entoure, de se décourager et de ne plus s’informer du tout… Les conséquences de cette saturation ne sont pas anodines. L’impression de ne jamais être à jour, quoi que l’on fasse, peut générer une pression psychologique intense, caractérisée par des niveaux de stress et d’anxiété anormalement élevés. De plus, à force de solliciter notre attention sur une multitude de sujets, notre capacité à mémoriser s’amenuise. Enfin, trop d’options tuent l’option ; face à la déferlante des informations, choisir et trier l’information devient un calvaire, et peut paralyser la capacité de décision.
Ériger des digues contre le flot informationnel
Pour se prémunir des effets néfastes de la surcharge informationnelle, quelques réflexes à adopter peuvent se révéler d’un secours précieux. Une limitation des sources à quelques médias de confiance permet d’éviter de s’éparpiller. Il ne s’agit pas de s’interdire d’en découvrir ou d’en consulter de nouveaux, bien sûr, mais de contrôler un peu mieux l’entrée des informations et ne pas se sentir tenu de sauter sur le moindre contenu mis à notre disposition. S’octroyer des périodes de déconnexion régulières permet de s’aérer l’esprit et de tourner le dos, l’espace d’instants précieux, à la lame de fond de l’information. Organiser son temps de manière à planifier des plages spécialement dédiées à la consultation d’informations évite de se disperser perpétuellement. De manière plus générale, une analogie avec les modifications des pratiques alimentaires est présentée par la fondation Jean-Jaurès dans le cadre de son étude ; au triptyque « manger moins, manger mieux, manger sain » pourrait répondre un nouveau mantra de l’information : « s’informer moins, mais s’informer mieux et de manière plus saine ». Reprendre le contrôle, en somme, de son approvisionnement aux sources de l’information.